SES les frontières

SES les frontières

 

Intro : réflexion sur le concept de frontière :

= ligne, limite, délimitation, fracture, obstacle, protection

Puis les élèves ont proposé :

- zone d’interface, d’échange

- intérieur / extérieur ;

- frontières concrètes / abstraites, symboliques ;

- perméabilité / étanchéité ;

- ouverture/ fermeture…

 

 

Et sur les différents domaines dans lesquels cette notion peut prendre un sens :

- frontières nationales, politiques, historiques => migration, immigration

- frontière Nord-Sud

- frontières sociales, entre groupes sociaux, mobilité sociale

- frontière symbolique recréée incessamment dans une logique de distinction (Bourdieu)

- frontières culturelles, religieuses

- frontière entre le sacré et le profane

- frontière entre le normal et le déviant

 

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Problématique : comment la mondialisation modifie la place (l’importance et l’emplacement) des frontières ?

I. Le processus historique de construction des frontières nationales

En effet il existe une véritable affinité élective entre l'action publique et les espaces délimités historiquement et institutionnellement qui la supportent. Tout d'abord, l'action publique ou plus exactement l'action de l'État en France a consisté à favoriser l'unité territoriale, c'est-à-dire lutter contre les découpages géographiques et agir pour créer ou renforcer l'homogénéité culturelle. Alors qu'il s'était agi pendant des siècles d'une action principalement militaire, dès la révolution française et plus encore à partir de la IIIe République, c'est la légitimité d'une telle cohésion qui a été recherchée : l'école laïque et obligatoire et gratuite fut certes un « projet de moralisation politique du peuple » (Antoine Prost) mais ce fut aussi, avec le contingent, un formidable outil de création d'un esprit national et d'une culture commune. L'unification linguistique a été déterminante. La révolution française a créé les départements et Napoléon a mis des préfets à leur tête. Ce dernier a mis en place le code civil et ainsi a contribué à l'unification des lois auxquelles étaient soumis les citoyens français, une idée déjà initiée par la révolution. Cette unification a aussi été renforcée par la fiscalité uniforme.

Ainsi l'État central français a largement participé à forger un territoire national c'est-à-dire une identité, une solidarité et un sentiment d'appartenance nationale. Cet espace, en retour, contribué à renforcer l'action publique nationale de l'État, à mesure que son caractère homogène et cohésif grandissait. L'État-nation se renforçait dans cette circularité, depuis la révolution française (ou Louis XIV si l'on veut rechercher les racines de ce processus) jusqu'aux années 1980. Il crée des institutions nationales fortement marquées par l'idée de solidarité nationale : assurance chômage, retraites, assurance santé et allocations familiales.

L'État-nation est un État-providence. Toutes les institutions protégées par les frontières nationales qui fonctionnent comme des barrières, offre une relation enchantée entre les citoyens français et son Etat.

À partir des années 1980, les pouvoirs publics font le choix de l'ouverture internationale. C'est un choix obligé dans la mesure où les deux chocs pétroliers ont généré un (sentiment de) crise, le chômage tend à augmenter, et faire l'Europe semble constituer un projet politique séduisant pour contrecarrer les effets négatifs anticipés de l'ouverture et pour profiter des effets positifs.

 

 

 

II. La perception de la mondialisation comme un processus enchanté ! Les effets attendus de la mondialisation

 

Thèse du « doux commerce » Montesquieu

 

Théorie des avantages comparatifs de Ricardo faisant suite à la théorie des avantages absolus de Smith

 

Analyse de deux textes, le premier de Smith, le second de Ricardo :

La maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui lui coûtera moins à acheter qu'à faire. Le tailleur ne cherche pas à faire ses souliers, mais il les achète du cordonnier; le cordonnier ne tâche pas de faire ses habits, mais il a recours au tailleur; le fermier ne s'essaye point à faire les uns ni les autres, mais il s'adresse à ces deux artisans et les fait travailler. Il n'y en a pas un d'eux tous qui ne voie qu'il y va de son intérêt d'employer son industrie tout entière dans le genre de travail dans lequel il a quelque avantage sur ses voisins, et d'acheter toutes les autres choses dont il peut avoir besoin, avec une partie du produit de cette industrie, ou, ce qui est la même chose, avec le prix d'une partie de ce produit.

 

Ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier, ne peut guère être folie dans celle d'un grand empire. Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de l'établir nous-mêmes, il vaut bien mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre propre industrie, employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage. L'industrie générale du pays étant toujours en proportion du capital qui la met en oeuvre, elle ne sera pas diminuée pour cela, pas plus que ne l'est celle des artisans dont nous venons de parler; seulement ce sera à elle à chercher la maniè­re dont elle peut être employée à son plus grand avantage. Certainement elle n'est pas employée à son plus grand avantage quand elle est dirigée ainsi vers un objet qu'elle pourrait acheter à meilleur compte qu'elle ne pourra le fabriquer. Certainement la valeur de son produit annuel est plus ou moins diminuée quand on la détourne de produire des marchandises qui auraient plus de valeur que celle qu'on lui prescrit de produire. D'après la supposition qu'on vient de faire, cette marchandise pourrait s'acheter de l'étranger à meilleur marché qu'on ne pourrait la fabriquer dans le pays, par conséquent, on aurait pu l'acheter avec une partie seulement des marchandises, ou ce qui revient au même, avec une partie seulement du prix des marchandises qu'aurait produites l'industrie nationale, à l'aide du même capital, si on l'eût laissée suivre sa pente naturelle. Par conséquent, l'industrie nationale est détournée d'un emploi plus avantageux, pour en suivre un qui l'est moins, et la valeur échangeable de son produit annuel, au lieu d'être augmentée, suivant l'intention du législateur, doit nécessaire­ment souffrir quelque diminution à chaque règlement de cette espèce.

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776.

 

 

Si le Portugal n’avait aucune relation commerciale avec d‘autres pays, au lieu d’employer son capital et son industrie à faire du vin, avec lequel il achète aux autres nations le drap et la quincaillerie nécessaires pour son propre usage, ce pays se trouverait forcé de consacrer une partie de ce capital à la fabrication de ces articles, qu’il n’obtiendrait plus probablement qu’en qualité inférieure et en quantité moindre.

 

La masse de vin que le Portugal doit donner en échange pour le drap anglais n’est pas déterminée par la quantité respective de travail que la production de chacun de ces deux articles a coûté ; - ce qui arriverait s'ils étaient tous deux fabriqués en Angleterre ou en Portugal.

 

L’Angleterre peut se trouver dans des circonstances telles qu’il lui faille, pour fabriquer le drap, le travail de cent hommes par an, tandis que, si elle voulait faire du vin, il lui faudrait peut-être le travail de cent vingt hommes par an : il serait donc de l’intérêt de l’Angleterre d‘importer du vin, et d’exporter en échange du drap.

 

En Portugal, la fabrication du vin pourrait ne demander que le travail de quatre-vingts hommes pendant une année, tandis que la fabrication du drap exigerait le travail de quatre-vingt-dix hommes. Le Portugal gagnerait donc à exporter du vin en échange pour du drap. Cet échange pourrait même avoir lieu dans le cas où on fabriquerait en Portugal l’article im­por­té à moins de frais qu’en Angleterre. Quoique le Portugal pût faire son drap en n’employant que quatre-vingt-dix hommes, il préférerait le tirer d‘un autre pays où il faudrait cent ouvriers pour le fabriquer, parce qu’il trouverait plus de profit à employer son capital à la production du vin, en échange duquel il obtiendrait de l’Angleterre une quantité de drap plus forte que celle qu’il pourrait produire en détournant une portion de son capital employé à la culture des vignes, et en l’employant à la fabrication des draps.

 

Dans ce cas, l’Angleterre donnerait le produit du travail de cent hommes en échange du produit du travail de quatre-vingts. Un pareil échange ne saurait avoir lieu entre les individus du même pays. On ne peut échanger le travail de cent Anglais pour celui de quatre-vingts autres Anglais ; mais le produit du travail de cent Anglais peut être échangé contre le produit du travail de quatre-vingts Portugais, de soixante Russes ou de cent vingt Asiatiques. Il est aisé d‘expliquer la cause de la différence qui existe à cet égard entre un pays et plusieurs : cela tient à l’activité avec laquelle un capital passe constamment, dans le même pays, d’une province à l’autre pour trouver un emploi plus profitable, et aux obstacles qui en pareil cas s’opposent au déplacement des capitaux d‘un pays à l’autre.

Note de bas de page : Un pays qui, par sa supériorité dans les machines et l’habileté de ses ouvriers, fabrique avec une plus grande économie de main-d’œuvre que ses voisins, peut, avec les produits de son industrie, faire venir du dehors le blé nécessaire à sa consommation, lors même que son sol serait plus fertile, et que le blé y viendrait avec moins de travail que dans le pays d’où il tirerait son approvisionnement. Supposons deux ouvriers sachant l’un et l’autre faire des souliers et des chapeaux : l’un d‘eux peut exceller dans les deux métiers ; mais en faisant des chapeaux il ne l’emporte sur son rival que d’un cinquième, ou de 20 pour cent, tandis qu’en travaillant à des souliers, il a sur lui un avantage d’un tiers, ou de 33 pour cent. Ne serait-il pas de l’intérêt de tous les deux que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état de cordonnier, et le moins adroit à celui de chapelier ?

 

Conclusion :

Le Portugal préfère produire du vin et l’échanger contre du drap plutôt que de produire lui-même son drap, même si, dans ce pays, la production du drap exige moins de travail qu’en Angleterre, pour la simple et bonne raison qu’ainsi, il obtient plus de drap en échange du vin que si il consacre une partie de son capital à produire du drap ; son avantage comparatif est supérieur sur le vin que celui qu’il a sur le drap

 Tous les pays ont donc intérêt à échanger : Tous les pays ont intérêt au libre-échange

 

Internationalisation des flux de :

 

Produits (biens et services)

Les entreprises s’adressent à des consommateurs du monde : Coca-Cola, Mc Donald’s, Harry Potter… L’uniformisation des consommations (y compris de biens culturels) est vécue sur le mode positif comme l’appartenance à un même monde, à une même communauté. Citoyens du monde, world music…

Capitaux

Le capital va s’investir là où il aura la meilleure rentabilité, c’est-à-dire dans les activités les plus utiles pour la société, donc les plus demandées, donc celles dont on pourra tirer le meilleur profit. Cette allocation des ressources (financières), libérée des attaches nationales et publiques, pourra être optimale.

Personnes (surtout vues comme des porteurs de capital humain et de capital financier)

En devenant international, le marché du travail permet lui aussi une allocation optimale des ressources (en capital humain).

 

Informations

Mythe du village planétaire

Voir aussi la référence au bouquin « le monde est plat »

 

Ce monde, qui s’organise à l’échelle planétaire, évacue complètement toute référence au politique et au public. Pas besoin d’Etat puisque la référence à une citoyenneté mondiale doit suffire à générer un sentiment d’appartenance commun. Le politique est relégué, ringardisé et avec lui, la fiscalité, la protection sociale publique et plus généralement toute forme de réglementation.

Le rejet de toute forme d’action publique renforce le caractère inutile des frontières : en étant citoyen du monde, les frontières perdre leur signification de « délimitation » en vue de la constitution d’une identité. L’Etat et les frontières à partir desquelles s’étaient forgées les identités nationales et régionales ne font plus sens pour les individus en réseau dans un village planétaire. Toute souveraineté ne peut être qu’individuelle et ne peut plus s’appuyer sur des logiques collectives et politiques. Ces dernières sont perçues comme limitative de la liberté de chacun à évoluer dans un espace sans frontières, sans obstacles.

 

III. Mondialisation et recomposition territoriales

La mondialisation, comme processus d’unification marchande à l’échelle globale, planétaire, remet en cause le socle sur lequel s’étaient établies historiquement et institutionnellement les frontières nationales. Comment se reconstituent ces logiques => usage de plus en plus répandu de la notion de territoire : unions régionales et gouvernance mondiale

Aussi, l’activité économique fonctionne spatialement sur le mode de l’aimant : il existe des avantages (externalités positives) à installer (localiser) une entreprise à proximité de ses fournisseurs et/ou de ses clients. S’installer loin rend dépendants des transports, du climat et fait perdre du temps. Les nouvelles technologies n’ont pas fait disparaître ce type de considérations de l’esprit des chefs d’entreprise. La mondialisation laisse libre cours à cette logique d’attractivité/répulsion car elle fait disparaître toutes les politiques d’aménagement du territoire.

 

A venir

Krugman

IV. Les multinationales

V. Les paradis fiscaux

 

On glisse sur l’argent :

I. La création monétaire

II. La globalisation financière : effets attendus et effets pervers

On pourra traiter des paradis fiscaux à la fin car c’est un thème particulièrement transversal !

 

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